jafrikayiti a soumis ce texte, le 01 Mars 2003 à 03:04:
Une première réponse envoyée à l'Actualité au sujet de son article du 28 février 2003
"Le groupe réuni par Denis Paradis (et qui porte pour l’instant le nom de code «Initiative d’Ottawa sur Haïti») n’est pas prêt à attendre les élections de 2005 pour que le régime change. En fait, la communauté internationale souhaiterait régler cette question avant le 1er janvier 2004 et le bicentenaire de la plus ancienne république des Antilles".
Quelle arrogance ! quelle lâcheté ! quelle hypocrisie ! quel affront à la décence élémentaire !
Donc, si je comprend bien, la stabilité politique fait rage en Haiti. Depuis 1991, il n’y eu aucun changement de gouvernement par coup d’état made in USA dans ce pays de Noirs. Est-ce pourquoi le Canada réunit l’état major de la confrérie des «hommes » afin qu’ils puissent aller y rétablir l’ordre néo-coloniale? – sous le couvercle de l’ONU de Kofi Anan , bien entendu !
Le "regime change" que le Chrétien DIT refuser de concevoir aussi tôt pour l'Iraq, il veut bien le diriger pour les Noirs d'Haiti?
Mais enfin, en quelle année et sur quelle galère vivons-nous?
Ce n'est que la fin de semaine dernière qu'un jeune Canadien d'origine haitienne me posait la question suivante: sommes-nous (nous, peuples Noirs) prêts à parer les coups bas du réseau de suprémacistes blancs qui contrôle le monde actuellement et qui, assurément, va tout tenter pour saborder les célébrations du bicentenaire de la révolution anti-esclavagiste haitienne? Nous voici servis!
Dany Glover, Ron Daniels et compagnie feraient mieux de mettre sur pied une armée pour accompagner leur bateau (www.cruisingintohistory.org) car les bons « amis d’Haiti » de la « communauté internationale » risquent fort bien de l’attaquer en pleine mer.
Vous ricanez, mais lorsque Vastel nous informe que "la communauté internationale" veut bien nous régler notre compte avant 2004, parle-t-il de l'Inde, la Chine, le Caméroon, la Tanzanie, l'Afrique du Sud post-Apartheid, la Jamaique etc....ou s'agit-il de nos "chers bons a mis" de l'Amérique blanche, la France, le Canada, l'Espagne et autres pays "blancs" (pardon! il faut desormais dire "occidentaux", n'est-ce pas!) qui ont toujours tenté d'étouffer le peuple trop Noir et trop rebelle d'Haiti?
Communauté "internationale" ?!
Faudra-t-il désormais apprendre aux nouveaux immigrants à chanter O KKKanada ?
Pendant que nous y sommes, Chef Paradis, pourquoi ne demandes-tu pas à l'ONU de mettre Baby Bush, le véritable danger mondial, sous tutelle? Ce fou mal élu qui cherche a renverser les mieux-élus du continent avec l’aide de ses amis de klan, ne vous dérange-t-il pas? - Pourtant notre frère Mandela semble s'en soucier.
Pourquoi, au nom de la "Franco-phony",que vous représentez, ne pas demander à la France néo-esclavagiste de restituer les 60 millions de Francs qu’elle rançonna du peuple Noir d'Haiti?
Continuez donc messieurs à semer les graines qui feront certainement germer l’ultime révolte des damnés de la terre. Persistez dans votre arrogance chers « grands hommes », persitez !
Jafrikayiti
(franchement dégouté!)
===========================================
www.lactualite.com (28 février 2003)
Il faut renverser Aristide. Et ce n’est pas l’opposition haïtienne qui le réclame, mais des parlementaires de plusieurs pays réunis à l’initiative du Canada!
par Michel Vastel
La dernière fin de semaine de janvier, une rencontre secrète s’est tenue à Ottawa et sur les bords du lac Meech, dans le parc de la Gatineau. Le secrétaire d’État du Canada pour l’Amérique latine, l’Afrique et la Francophonie, Denis Paradis, a invité des représentants de l’Organisation des États américains (OEA), de la Commission économique européenne (CEE) et de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie à «brasser des idées» sur le drame haïtien. La France avait délégué son ministre de la Coopération, Pierre-André Wiltzer; le Secrétariat d’État américain avait envoyé deux fonctionnaires de haut rang; et le Salvador, sa ministre des Affaires étrangères, Maria Da Silva.
Le gr oupe réuni par Denis Paradis (et qui porte pour l’instant le nom de code «Initiative d’Ottawa sur Haïti») n’est pas prêt à attendre les élections de 2005 pour que le régime change. En fait, la communauté internationale souhaiterait régler cette question avant le 1er janvier 2004 et le bicentenaire de la plus ancienne république des Antilles.
«Je ne veux pas finir comme Roméo Dallaire», a dit le ministre Paradis à ses invités. Les événements de 1994 au Rwanda ont en effet exposé au grand jour les horreurs auxquelles peut conduire l’inaction de la communauté internationale: les Casques bleus de l’ONU, placés sous le commandement du général canadien Dallaire, assistèrent, impuissants, au massacre de 500 000 à un million de personnes.
En Haïti, ce sont 8,2 millions de francophones (plus que la population du Québec) qui vivent dans un état de pauvreté «écœurante», a constaté Denis Paradis au cours d’un premier voyage, en 2000, à l’époque où il était secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, John Manley. «Si les Canadiens traitaient leurs animaux comme les autorités haïtiennes traitent les citoyens, dit-il, on les mettrait en prison.»
Un taux de chômage officiel de 60% et un produit intérieur brut par habitant de 469 dollars par année, une espérance de vie de moins de 50 ans pour les hommes et de 54 ans pour les femmes: Haïti se classe, selon l’Indice de développement humain des Nations unies, 150e sur les 173 pays recensés. L’anarchie est telle qu’au moins un milliard de dollars en aide internationale sont retenus par les bailleurs de fonds, qui craignent que les sommes ne soient utilisées à d’autres fins.
La misère des Haïtiens, qui échoue à l’occasion sur les côtes de la Floride et des îles françaises de la Guadeloupe et de la Martinique, reste le secret le mieux gardé de la planète. L’île est loin du siège social de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, à Paris. La France est trop préoccupée par ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Les pays membres de l’OEA sont divisés sur la façon d’intervenir en Haïti, qui serait aussi une importante plaque tournante du trafic de la drogue. Et les États-Unis, obsédés par leur sécurité intérieure, ne s’intéressent guère à cette république de 27 797 km2 — plus petite que la Belgique —, sans pétrole, sans intérêt stratégique, où l’on parle français de surcroît…
Le Canada s’est toujours senti une responsabilité particulière envers ce petit pays francophone des Antilles, d’autant qu’on estime à 120 000 le nombre d’Haïtiens qui vivent au Québec — le président Aristide a lui-même étudié à la faculté de théologie de l’Université de Montréal. Le gouvernement Mulroney appuyait le retour au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide, qui avait été destitué et condamné à l’exil après un coup d’État, en septembre 1991. Mais les élections de novembre 2000 ont créé une impasse entre le Lafanmi Lavalas — le parti du président — et l’Organisation du peuple en lutte, qui contrôle le Parlement. Depuis, c’est un véritable régime de terreur qui s’est installé.
La communauté internationale entend, selon un nouveau principe des Nations unies, se prévaloir de sa «responsabilité de protéger». Ce principe a été établi en décembre 2001 par la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États, créée par le Canada en septembre 2000, à la suite d’un appel du secrétaire général des Nations unies. La responsabilité de protéger est ainsi définie: «Quand une population souffre gravement des conséquences d’une guerre civile, d’une insurrection, de la répression exercée par l’État ou de l’échec de ses politiques, et que l’État en question n’est pas disposé ou apte à mettre un terme à ces souffrances ou à les éviter, la responsabilité internationale de protéger prend le pas sur le principe de non-intervention.»
C’était la première fois que la Communauté économique européenne et l’Agence intergouvernementale de la Francophonie participaient à une réunion avec l’Organisation des États américains. Aucune décision n’était à l’ordre du jour, mais dans les milieux diplomatiques français, on indique qu’on a beaucoup parlé d’une sorte de «mise en tutelle», comme au Kosovo.
Pour Denis Paradis, qui, avec la complicité de Jean Chrétien, en avait fait une croisade personnelle au retour de son voyage, en 2000, c’est l’aboutissement de plus de deux ans de campagne de sensibilisation dans une vingtaine de capitales. Accompagnant le premier ministre en Afrique l’an dernier, il avait d’ailleurs sensibilisé tous les chefs de gouvernement qu’il avait rencontrés. «En Afrique, j’ai vu la pauvreté dans la dignité, raconte Denis Paradis. En Haïti, il n’y a même plus de dignité!» Le groupe «Initiative d’Ottawa sur Haïti» se réunira de nouveau à la mi-avril, au Salvador. Il se propose d’y rédiger un projet de résolution qui sera déposé aux Nations unies. On y parlera sûrement de respect des droits de la personne et de rétablissement de l’État de droit. Même si les Nations unies ne souhaitent pas que ce genre d’intervention conduise à une occupation militaire, celle-ci pourrait être inévitable jusqu’à ce que des élections aient été organisées. La communauté internationale devra ensuite, comme à la fin des années 1990, surveiller la mise en place d’une police et d’une armée démocratiques.
Les besoins sont énormes: la population, dont 80% vit sous le seuil de pauvreté, n’a généralement pas accès à l’eau et à l’électricité. Et le temps presse, car on estime que le nombre d’habitants en Haïti pourrait atteindre 20 millions en 2019. Vingt millions de francophones, dans un état de misère abjecte, aux portes des Amériques. «C’est une bombe à retardement, qu’il faut désamorcer tout de suite», plaide Denis Paradis.