Lieutenant Sanite Bélair

Sanite, surnom de Suzanne, est une jeune affranchie, originaire de Verrettes, qui épouse en 1796 le lieutenant Charles Bélair, neveu et aide de camp bien en vue de Toussaint.

C'est en 1802, dans les retranchements escarpés des Matheux, théâtre, durant plus de deux mois d'une prise d'armes de son mari Charles Bélair contre l'expédition Leclerc, que cette jeune femme révéla son étonnante énergie. En route, en effet, pour les mornes de l'Arcahaie, "ils n'avaient pas parcouru un espace de cent toises que la citoyenne Sanite qui partageait contre les blancs toute la haine de son mari, déclara hautement qu'elle ne voulait pas donner des soins plus longtemps" à un jeune blanc. Ce dernier, "tué à coups de sabre par les soldats de la huitième": les autorités n'en publièrent pas moins, après, que Sanite, la brigande, avait, de ses propre mains, sabré ce jeune blanc.

Quelques mois après, Sanite est faite prisonnière. Désespéré et ne trouvant pas mieux que de se résoudre à partager la captivité de sa femme, Bélair se rend. Ils sont condamnés six heures après leur arrivée au Cap. La commission, considérant le grade militaire de Charles et le sexe de Sanite, son épouse, condamna le dit Bélair à être fusillé et la dite Sanite, sa femme, à être décapitée.

Le jour de l'exécution, le 5 Octobre 1802, Sanite, qui répugnait à mourir autrement qu'en soldat, exigea de ses bourreaux d'être fusillée. Charles Bélair entendit avec calme la voix de son épouse l'exhortant à mourir en brave. Au moment où il portait la main sur con coeur, il tomba, atteint de plusieurs balles à la tête. Sanite refusa de se laisser bander les yeux; le bourreau, malgré ses efforts, ne put la courber contre le billot. L'officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fusiller.