Suzanne Louverture
Elle était une agricultrice de talent. Lorsque son mari devint un personnage public, Suzanne fit le choix de ne point participer à ses engagements. Elle continua à s'occuper de son jardin où elle cultivait le café de ses propres mains, en compagnie d'autres femmes attachées à son service, prouvant ainsi qu'elle n'oubliait pas que l'agriculture à laquelle ils se livraient en commun, elle et son époux, au temps de leur esclavage, leur avait permis de vivre non seulement dans l'abondance mais de faire des épargnes et surtout de partager avec les plus misérables les fruits de leurs travaux.
Après la capture du général Toussaint Louverture pris dans un guet-apens posé par l'infâme Brunet, Suzanne fut prise en otage par une escorte puis déportée en France.
Napoléon avait ordonné à ses bourreaux de ne point tenter de torturer Toussaint car il ne parlerait jamais, mais de tout faire subir à Suzanne jusqu'à ce qu'elle avouat. A son arrivée en prison elle pesait 250 livres; elle n'en pesait que 90 en quittant la France. Durant toutes les années de torture elle donna une unique réponse. "Je ne parlerai pas des affaires de mon mari avec ses bourreaux". C'est une Suzanne mutilée, une Suzanne purement végétative, dépourvue de tous ses ongles, avec plusieurs os cassés qui rentra à la Jamaïque où elle trouva la mort le 19 mai 1846. Elle était âgée de 67 ans.